Une plume et une chaussure…
L’autre chaussure, je ne l’ai jamais revue.
En son absence, les chaussures, j’en achète souvent. Je les mets en rang d’oignon, deux par deux. Je déteste en égarer une. Quand cela se produit, je panique. Je cherche partout, convulsivement, jusqu’à ce que je la retrouve. Alors, je la range à côté de sa sœur, bien parallèles, bien droites. Toutes mes paires s’alignent, au garde-à-vous, prêtes à défiler entre l’armoire et le lit. Une-deux, une-deux. En avant, les pompes.
Angèle Casanova
« Roman minimaliste » en soi ou « nouvelle » autobiographique, l’auteure relate à partir des stigmates de sa douleur la perte passée d’un être cher arraché brusquement à la vie et à la sienne…
Maman, maman, j’ai rêvé de l’ours est un petit livre envoûtant que j’ai dévoré d’une traite, portée par une plume contemporaine et poétique de très belle facture, que j’ai évidemment plaisir à recommander.
Ça ira, ça ira. Je suis seule, mais ça ira. Je les attends.
JE RESPIRE À NOUVEAU, UN PEU, UN PEU, PUIS FORT. JE CHERCHE L'AIR.
Angèle Casanova
Si vous êtes intéressés par ce genre d’écriture pour lequel je suis toujours à l’affût, vous trouverez une interview d’Angèle Casanova sur LeLittéraire.com et d’autres textes sur son blog Gradins & Bouts de ficelle.
Pour ma part, j’ai découvert ce petit livret talentueusement illustré par Jacques Cauda au Salon de l’Autre livre. Et comme nos pas nous ramènent souvent en des lieux connus et désertés, alors que je consultais quelques-uns des ouvrages de cet illustrateur (dont on m’avait fait de nombreux éloges), l’association au nom d’Angèle Casanova sur l’un d’eux m’a ipso facto retenue… Chance, hasard ou sort le nom de cette poétesse ne m’était nullement inconnu. Mes souvenirs dataient (2013-2015 ?). J’étais alors novice en écriture et au cours d’une brève virée-découverte au sein d’un groupe de littérateurs de haute voltige (les Vases communicants initiés par François Bon & Jérôme Denis), j’avais eu l’occasion de lire quelques écrits de ces « mastodontes ». Parmi eux, il est certain qu’Angèle Casanova poursuit magnifiquement son chemin dans la profondeur de l’océan non pollué des livres…
Illustrations de Jacques Cauda.