Ma mère toute bue de Valéry Meynadier

Les cafards bipèdes de nos existences...

Résumé : Le récit retrace, au présent, le vécu intimiste d’une jeune adolescente (révolte, désespoir, colères) des alentours de ses 10 ans jusqu’à ses 17 révolus, subissant l’alcoolisme « doucereux » d’une mère. Trop noire, trop douloureuse, trop incompréhensible pour être dite, cette souffrance est parfois supportée et tue jusqu’à la nausée salvatrice.

Ici pas de méchanceté, comme dans la Vipère au poing de Bazin, seulement la frivolité, la légèreté, la lâcheté, l’insouciance de l’être et autres faiblesses.

Beaucoup d’auteurs dépeignent les sensations intimes à travers un filtre, celui du supportable, celui choisi pour tenter de dire l’inexprimable. Valéry Meynadier, d’une plume d’une puissance hors pair finement aiguisée, a choisi de dire sans adoucisseur. Autant vous révéler que l’on ne ressort pas de cette Mère toute bue sans avoir été apostrophé comme on peut l’être par l’Insoutenable légèreté de l’être de Kundera.

 

"J'ai peur de ma mère comme du haut d'une tour. Peur qu'elle ne me fasse tomber dans une chute irréversible. J'ai déjà commencé de tomber."

"Je me tords les lèvres, et les mains et le visage, j'aimerais m'essorer la mémoire comme une serpillère."

"Ah ! Que n'es-tu tout, n'importe quoi, plutôt que toi."

La dureté de la vie me fait instantanément songer à deux sortes de détresse humaine.

Celle visible et celle moins visible.

La misère dans les conditions matérielles, réalité humaine parmi d’autres, est visible de l’extérieur. La bête souffre dans son corps, elle a faim, froid, survit, mais il lui reste, l’amour. Parfois. Si ses souffrances, faits de la société civile le plus souvent, sont bien évidemment inacceptables, des remèdes sont à portée de main pour les annihiler, puis-je dire sans cynisme.

D’autres souffrances,  dévastations moins visibles du domaine de l’intime, du « moi » que l’on tente de protéger, moins souvent mises à nu,  atteignent en plein cœur. Elles sont causées par cette même nature humaine si ravageuse…

N’y a-t-il pas plus grande misère humaine que l’estampille d’un sceau lugubre sur une jeune vie et son potentiel ? Provoquant à l’âge de l’innocence, de la construction, une fêlure parfois incolmatable ?

Ces blessures se fichent totalement du milieu social. On peut repêcher chez les bien-pensants les plus grosses exceptions aux vertus naturelles. Elles font froid. Elles font saigner les larmes. 

Voir Une fêlure d’Emmanuel Régniez.

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