La pie, la mésange, la sage, et les vautours.

N'accuse pas d'être avare / Une sage qui prépare / Tant d'or et d'autorité / Par la sève solennelle / Une espérance éternelle / Monte à la maturité !

Au temps de la folie en ce millénaire, il existait une sage [substantif masculin, rarement au féminin]. Une ermite qui vivait à l’écart et ne communiquait plus qu’avec la nature. Un matin, elle s’assit sous un bosquet pour se reposer du magnifique soleil qui l’éclairait et lut les nouvelles à voix haute à son voisinage, la mésange et la pie….

Miren Elle
©-Miren-Elle

« Pour ne pas se retrouver pris en tenaille (...), il [le président français] doit vite incarner un projet (...). Le credo social-démocrate (...) lui est d’un faible secours car il n’a absolument rien à redistribuer (...). »

La pie l’a coupée !

– Il ne s’agit pas de re-distribuer mais de MIEUX DISTRIBUER !

Mieux distribuer ? s’enquit alors la mésange (qui saisit rarement rapidement tout parfaitement…)

Oui, lui dit la pie, mieux répartir la nourriture qui nous est aujourd’hui extorquée… Et celle qui sera produite grâce à la décroissance… choisie…

Dé-croissance ? Mais de quoi vais-je me nourrir ? s’éleva alors la mésange dans un battement d’ailes effréné.

– Ah vraiment que tu es bouchée ! Tout d’abord, il y aura toujours une croissance, mais elle sera moindre. Uniquement nécessaire et réfléchie. Celle nuisible, qui détruit irréversiblement après avoir beaucoup produit juste un temps, sera stoppée ! Et puis, une croissance pour quoi ? T’es-tu jamais posé la question ?

– Une croissance pour payer nos nids et nos graines dont le prix n’arrête pas d’enfler à tel point que nous n’en n’avons plus !

– Effectivement ! Et à qui payes-tu ? À ceux qui t’ont volé tes graines et détruit ton nid ! Pas un paon n’oserait aujourd’hui le nier… Pas une seule Pie-APPLE, GOOGLE, MICROSOFT & Co… qui ont de plus le toupet de se construire des volières princières avec les brindilles que nous avons ramassées ! »

Voilà ce que se dirent nos oiseaux…

Notre ermite pensa que Jean aurait sans doute poursuivi, en relevant que l’arbre se sent aujourd’hui bien seul, sans un humain sous son ombre à venir lui confier ses amours et pensées. Ils lui préfèrent hélas, aurait-il raillé, la froideur de l’acier et du verre dans lequel il contemple solitaire son image tandis que le plus grand nombre, enfermé dans de petites cages ou de vastes camps sans toit ni couvert, s’active sans âme à la solde des paons… une poignée de vautours masqués, rapaces avides de puissance qui n’ayant pas réussi à se débarrasser de leurs coûteux esclaves par des clones dociles et moins gourmands – 8 milliards de bouches à nourrir ! – fomentent discordes, égrènent pandémies et autres gangrènes inventées, escomptant freiner cette croissance exponentielle, celle indésirée…

Ils se savent tout aussi mortels… Mais rien ni quiconque n’entravent leur chasse sur l’univers…

Détenteurs du pouvoir qu’ils se sont octroyés selon les règles de la jungle, ils profitent égoïstement des jouissances terrestres. Préférant la soie plus douce, plus brillante, au coton, ils usent et abusent, stupides au détriment de leur propre espèce des richesses qu’ils détiennent sous leurs griffes.

Quel coq de basse-cour pourrait priver ses poules ?

Il faut dire que certains faisans arrivent toujours par la ruse ou le partage intéressé à saisir quelques miettes. Et tout aussi égoïstement, le perroquet approuve, les glorifiant haut perchés sur leur barre, se félicitant même d’être doté d’une intelligence supérieure !

Heureusement quelque arlequin plongeur éclabousse régulièrement la mare.

Les canards siffleurs s’époumonent alors pour convaincre leurs semblables d’un retour à la raison, car après ces victoires sur l’élément, ces « progrès » et les transformations opérées pour certaines irréversibles, force est de constater que leur Déesse, dame Croissance, a été fort partiale, et somme toute fort peu généreuse : elle n’a jamais exaucée qu’une mince poignée de privilégiés, laissant la plus grande partie de la planète dans la prière vaine…

Jean, songea alors notre ermite, aurait tancé l’humain fourmi l’implorant de renaître de ses cendres tel un phénix, de retrouver conscience pour s’interroger sur le sens de sa nature et de ses inventions infinies, de relever la tête pour regarder au-delà de son axe, de prendre le temps de vivre et d’observer le monde qu’elles créent si loin des images qui le font rêver avant que toutes ces monstruosités ne tuent sa mère-nourricière…

Hélas, l’histoire ne dit pas encore ce qu’il est advenu de ce monde… S’il a été détruit sans qu’il n’eût plus à découvrir tel qu’il s’en vantait – et pourquoi faire ? – le secret de la matière : the Boson !

©Mai 2013. ZG

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