Sagan, de Beauvoir, Yourcenar, Duras, pour les plus connus chez nous, vous connaissez ? J’ajoute Albarracin des temps modernes.
Ce livre m’a laissé sans mot. Ici, je ne parlerai pas d’écriture, inutile tout y est : Lola est « Une écrivaine, une vraie » comme dit Pia Petersen. Ici, on est à l’étage au-dessus : ce que laisse le roman où tout est réussi :
– le décor est planté dès les premières lignes, les cumulonimbus dont une Carota, Carolita, pichona, rongée de l’intérieur doit s’échapper en permanence pour rejoindre le sol ferme : les neuf cercles de l’enfer argentin, dans lequel l’auteure nous plonge avec malice avec ses mots d’espagnol qui nous fixent fermement sur son sol, dès les premiers instants, et cette moiteur chaude des orages qui parsèment son ciel avec ses brises qui lui rafraîchissent par saccades les idées ;
– les personnages sont extrêmement vivants, bien réels : Carota, Ana, Facundo, Rebecca, le petit garçon, le concierge, les horribles le Chanta et Andrés, tous… Qu’ils plaisent ou déplaisent n’est pas l’objet d’un roman dont la fonction est de dire en montrant, on comprend et chacun en tire ce qu’il en a à tirer ou peut…
– l’histoire : passionnante en soi, écrite d’un jet clair et limpide, d’un souffle profond et constant où tout s’enchaîne naturellement (tous les fils de bâti sont soigneusement retirés) mêle avec talent l’intrigue personnelle de la protagoniste au contexte général (le politique, le collectif). Aucune page n’est à écarter ou survoler.
Ce qu’il m’en reste, sur le plan subjectif, eh bien j’ai rencontré une autre Alice aux pays des merveilles sombres, avec la mauvaise impression que Buenos Aires, à des kilomètres de nous, se rapproche dangereusement de notre vieille Europe. On ne peut y rester insensible. Et en tant qu’auteure : un livre que j’aimerais avoir écrit